Difficile dans un chœur de rester sérieux quelquefois, en tout cas, nous à la Campanella on n'y arrive pas toujours... Surprise, il semblerait que nous ne soyons pas les seuls !
Voici un florilège de blagues qui circulent sur Internet chez nos chorales amies...
Les 10 règles d’or du choriste
🔸Règle N°1 : chantez tous le même morceau
🔸Règle N°2 : dès que vous chantez une fausse note, regardez aussitôt et furieusement le choriste le plus proche en veillant bien à ce que le chef de chœur le remarque
🔸Règle N°3 : toujours bien prendre le temps de s’échauffer la voix avant de chanter, cela permet de chanter faux avec la conscience tranquille
🔸Règle N°4 : une note juste mais chantée au mauvais moment est une note fausse (et vice-versa)
🔸Règle N°5 : si tous les membres du pupitre dans lequel vous êtes se trompent, .... les suivre
🔸Règle N°6 : si un passage musical est difficile, ralentir. Si il est facile, accélérer. Tout s’arrangera à la fin
🔸Règle N°7 : quand tout le chœur finit de chanter, ne pas continuer à chanter les notes qu’il vous reste
🔸Règle N°8 : une fausse note chantée avec timidité est une fausse note. Une fausse note chantée avec autorité est une interprétation
🔸Règle N°9 : en cas d’oubli ponctuel de paroles, ne pas s’inquiéter. En cas d’oubli régulier, consultez. Dans les deux cas, toujours regarder le chef de chœur avec assurance, détermination et sérénité
🔸Règle N°10 : pour éviter les « mauvais départs », chantez chaque phrase uniquement à partir de la troisième syllabe
Par Manu Paterne, chef de chœur
(Adaptation de moamême des « règles d’or de la musique d’ensemble » et j’y ai rajouté la 9 et la 10 parce que quand même ...😉)
Les quatre voix et le c(h)œur
Dans tout chœur, il y a quatre registres vocaux : soprano, alto, ténor et basse. Eux-mêmes sont parfois divisés en deux, ce qui conduit à des plaisanteries continuelles au sujet des premières et des deuxièmes basses. Chaque registre chante dans une tessiture différente, et chacun a sa propre personnalité. On peut se demander pourquoi le fait de chanter des notes différentes peut modifier le comportement. Il est vrai que cette question mystérieuse n'a pas encore fait l'objet d'études appropriées. Il reste que les quatre registres peuvent facilement être reconnus… et voici comment :
Les Sopranos
Les sopranos sont celles qui chantent le plus haut, ce qui leur fait croire qu'elles dominent le monde. Elles se considèrent bafouées si on ne leur permet pas de monter au moins au fa "d'en haut" dans n'importe quel mouvement de n'importe quelle œuvre. Lorsqu'elles y arrivent, elles tiennent les notes au moins une fois et demie la durée requise par le compositeur et/ou le chef de chœur, puis elles se plaignent que ça tue leur voix et que le compositeur et le chef sont des sadiques. Bien qu'elles considèrent tous les autres registres comme inférieurs au leur, elles ont des attitudes variées à l'égard de chacun d'eux. Les altos sont aux sopranos ce que les seconds violons sont aux premiers violons : c'est agréable harmonieusement, mais pas vraiment nécessaire. Toute soprano pense intimement que l'on pourrait supprimer les altos sans changer l'essence même de l’œuvre, et elles ne comprennent pas pourquoi il y a des gens pour chanter dans cette tessiture, c'est si ennuyeux. En ce qui concerne les ténors, on aime bien en avoir autour de soi. En plus des possibilités de flirt, car il est bien connu que les sopranos ne flirtent jamais avec les basses, les sopranos aiment chanter les duos avec les ténors parce que, du haut de leur stratosphère, elles aiment les voir travailler durement pour arriver dans une tessiture qu'elles considèrent basse à moyenne. Quant aux basses, ils chantent beaucoup trop fort, et toujours faux (comment peut-on chanter juste dans une tessiture si basse ?) et de toute façon, il doit y avoir un problème avec ces gens qui chantent en clé de fa. Pourtant, bien qu'elles se pâment à l'écoute des ténors, elles finissent quand même par rentrer à la maison avec les basses.
Les Altis
Elles sont le sel du monde, du moins le croient-elles. Ce sont des personnes simples, sérieuses et toujours présentes aux répétitions. La position des altis est unique dans le chœur : elles ne peuvent jamais se plaindre d'avoir à chanter trop haut ou trop bas et elles n'ignorent pas que tous les autres pupitres trouvent la partie d'alto pitoyablement facile. Mais les altis savent qu'il n'en est rien et que, lorsque les sopranes s'égosillent sur le la, elles doivent chanter des passages compliqués, pleins de dièses et de bémols, avec des rythmes impossibles que personne ne remarque parce que les sopranes chantent trop fort (ainsi que les basses comme d'habitude). Les altis se font un malin et secret plaisir à conspirer pour faire baisser les sopranes. Elles ont une méfiance innée à l'égard des ténors, car ils chantent presque dans la même tessiture qu'elles, mais ils croient avoir un meilleur son. Les altis aiment les basses et elles chantent volontiers en duo avec eux. De toute façon, le chant des basses ne sonne que dans le grondement et c'est le seul moment où elles ont vraiment une chance de se faire entendre. Un autre sujet de plainte des altis est qu'elles sont toujours trop nombreuses. Elles ne peuvent par conséquent jamais chanter vraiment fort.
Les Ténors
Les Ténors sont des "enfants gâtés". Avec cela, on a tout dit. Pour une seule raison : il n'y en a jamais assez et les chefs de chœurs vendraient leur âme plutôt que de laisser partir un ténor… aussi mauvais soit-il ! Et puis, pour quelque obscure raison, les quelques ténors que l'on a sont toujours réellement bons - ça va de soi et c'est l'une des causes d'ennui dans la vie. Du coup, il n'est pas étonnant que les ténors aient toujours une grosse tête - après tout, sans eux, qui pourrait causer la pâmoison des sopranos ? La seule chose qui puisse déstabiliser les ténors est l'accusation (venant en principe des basses) que l'on ne peut pas être un vrai homme et chanter si haut. De leur manière perverse habituelle, les ténors rejettent toujours ce grief, tout en se plaignant plus fort encore que le compositeur est un vrai sadique pour les faire chanter si haut. La relation des ténors avec le chef est à mi-chemin entre amour et haine, car le chef leur dit toujours de chanter plus fort ... parce qu'ils sont si peu nombreux. Depuis que l'on écrit l'histoire, on n'a jamais vu un chef demander aux ténors de chanter moins fort dans un passage forte. Les ténors se sentent menacés d'une manière ou d'une autre par les autres pupitres : par les sopranos parce qu'elles peuvent atteindre ces notes incroyablement hautes ; par les altis parce qu'elles n'ont aucun problème pour chanter les notes qui sont si hautes pour eux et par les basses parce que, bien qu'ils soient incapables de chanter plus haut qu'un mi, ils chantent suffisamment fort pour noyer les ténors. Évidemment, les ténors préféreraient mourir que d'admettre une quelconque de ces remarques. Ajoutons un fait peu connu : les ténors bougent leurs sourcils plus que quiconque lorsqu'ils chantent.
Les Basses
Les basses chantent les notes les plus graves. Et ceci explique cela. Ce sont des gens impassibles, dignes de confiance, plus barbus que les autres. Les basses se sentent perpétuellement mal aimés, mais ils sont eux-mêmes convaincus que ce sont eux qui ont la partie la plus importante (un avis partagé par les musicologues, mais certes pas par les sopranos ou les ténors)… même s'il s'agit de la partie la plus ennuyeuse de toutes, où ils chantent toujours la même note (ou à la quinte) sur une page entière. Ils compensent cet ennui en chantant le plus fort possible. La plupart des basses sont des joueurs de tuba nés. Les basses sont le seul pupitre qui puisse se plaindre régulièrement d'avoir à chanter si bas, et ils font d'horribles grimaces lorsqu'ils essaient d'atteindre des notes très basses. Les basses sont des gens charitables, mais leur charité n'est pas grande à l'égard des ténors, qu'ils considèrent être des poseurs finis. Les basses aiment les altis sauf lorsque c'est en duo et que les altis ont la partie belle. Quant aux sopranos, elles sont simplement dans un univers opposé que les basses jugent incompréhensible. Ils ne peuvent pas imaginer, quand elles font des fautes, que l'on puisse chanter si haut et si mal. Lorsqu'une basse se trompe, les trois autres voix le couvrent, il peut alors poursuivre tranquillement son chemin en sachant que, une fois ou l'autre, d'une manière ou d'une autre, ils se retrouvera dans la bonne tonalité.
Extrait de EC Magazine 2/01, revue éditée par Europa Cantat, Fédération Européenne des Jeunes Chorales
Les règles d'or du parfait choriste
Article n°1 :
N'arrive jamais à l'heure aux répétitions pour bien montrer que ta présence est attendue.
Article n°2 :
Ne prends pas la note de départ, tu gâcherais le côté "Chorale authentique".
Article n°3 :
Ne classe pas tes partitions, de toute façon, tu as le temps d'en demander une nouvelle à l'archiviste pendant que le chef donne des explications.
Article n°4 :
Lors de l'échauffement, vocalise le plus de notes, tu impressionneras toujours le petit dernier arrivé au pupitre.
Article n°5 :
Chante chaque fois une nuance au-dessus des autres pour montrer que tu es là.
Article n°6 :
Ne note rien sur la partition, ce serait dommage d'abîmer une si belle feuille et ça enlèverait au chef le plaisir de répéter toujours les mêmes choses.
Article n°7 :
Par humilité, laisse tes collègues assurer seuls les passages difficiles, cela les mettra en valeur.
Article n°8 :
Jette un regard furieux vers ton collègue de pupitre le plus proche lorsque tu chantes une fausse note.
Article n°9 :
De même, si tu fais une faute de rythme, explique aux nouveaux que c'est ce que l'on appelle "l'interprétation".
Article n°10 :
Ne regarde que les paroles. Ne tiens pas compte des indications de nuances, de liaisons et autres, elles ne sont là que pour embellir le graphisme.
Article n°11 :
Ne regarde pas le chef qui s'agite devant la chorale, ce n'est qu'un excentrique qui gesticule pour brasser de l'air. D'ailleurs, le chef c'est comme un préservatif : ce serait mieux sans mais c'est plus sûr avec !!!
Article n°12 :
Dès que le chef s'arrête pour donner une explication, profites-en pour parler des dernières rumeurs de la chorale avec ton voisin. Il est en effet nécessaire de connaître l'évolution des nouveaux couples de la chorale pour ne pas faire de gaffes.
Article n°13 :
Si tu es perdu(e) dans la partition, ne demande pas aux basses à quelle mesure on est, ils ne le savent pas non plus.
Article n°14 :
Ne réponds jamais aux courriers du (ou de la) secrétaire dans les délais demandés. Cela obligera le chef à t'appeler personnellement sur ton portable pour connaître ta réponse. Il te donnera ainsi une importance digne des plus grands solistes.
Article n°15 :
Evite de croiser trop souvent la trésorière qui va systématiquement te rappeler que tu ne lui as pas fait parvenir ton chèque d'adhésion.
Article n°16 :
Sois toujours sympa avec la sous-chef, c'est elle qui subit la mauvaise humeur du chef après la répétition.
Article n°17 :
Pars le plus discrètement possible dès la fin de la répétition, tu éviteras ainsi de devoir ranger la salle de répétition. De toute façon, tu sais pouvoir compter sur le Chef, il est là pour cela. En matière de déménagement, c'est un spécialiste.
Article n°18 :
Si tu es 'Basse' et que tu regrettes de ne pas pouvoir apercevoir les jolies jambes des jeunes sopranes en minijupes parce que tu es au fond de la chorale, une seule solution : passe l'examen de chef !!!
Article n°19 :
Fais un sourire lorsque tu aperçois le Président, c'est un personnage important de la chorale, même si tu ne le vois qu'une fois par an, au moment de son discours devant
Monsieur le Maire.
Article n°20 :
Enfin, aux concerts, arrange-toi pour avoir une petite différence vestimentaire afin que l'on te distingue mieux sur les photos.
L'art de la fugue
Pour un peu, vous l'auriez oubliée. Pas un refoulement pour psychanalyste en goguette, non, juste un oubli. Pourtant, elle a été l'objet de toutes les attentions pendant les répétitions. C'est même par elle qu'a débuté le déchiffrage il y a 3 mois. Evidemment, personne n'a été dupe, les remarques acerbes aussitôt ont fusé : "Encore un compositeur à qui ses parents ont dit, passe ton Bach d'abord". Cela étant, cela faisait bien dix minutes que vous étiez installé dans une douce quiétude, andante, tutti puis les soli. La soprano qui vibre, la basse qui tonne, le ténor qui en fait des tonnes, l'alto qui, comme les bons amis, arrive trop tard et part trop tôt. Et puis viennent ces trois mesures en fin de page avec ce petit cercle tracé au crayon mal taillé entourant une abréviation : "rall", rallentendo. Le tempo s'infléchit, les yeux se lèvent vers le chef qui n'avait plus croisé autant de regards depuis deux bonnes pages.
Et là, vous vous souvenez. Le calme avant la tempête. Vu du public, le changement qui s'opère est presque imperceptible. Pourtant, les habitués ne s'y trompent pas, certains signes ne laissent pas de place au doute. Ceux qui connaissent l'oeuvre se réjouissent, il va y avoir du sport. Les symptômes sont connus : une légère crispation des mains, accompagnée d'une poussée sudorale. Après le soudain et fugace besoin de communication visuelle cité précédemment, le regard se verrouille sur la partition, qu'il ne quittera quasiment plus jusqu'au point d'orgue final. La tête rentre un peu dans les épaules. Ou bien sont-ce les épaules qui remontent, peut-être pour diminuer la résistance au son ? Pour les vieux routards du chant choral, l'exercice qui s'annonce ne suscite guère plus d'appréhension qu'une visite chez le dentiste. Il parait qu'il y en a même qui aiment ça. Avant tout, ils connaissent les trucs, les combines qui facilitent la manoeuvre. En voici quelques uns qui vous seront précieux au moment crucial. Ne démarrez jamais le premier, si quelqu'un doit se couvrir de ridicule, autant que cela soit votre voisin.
Après un départ intempestif et inopportun, évitez de hausser les épaules et de piquer un fard. au contraire, prenez la posture d'un grand chanteur lyrique et continuez. Quand les collègues de pupitre entreront à leur tour, esquissez une retraite discrète et raccrochez votre wagon en queue de train. On ne sait jamais, sur un malentendu ça peut passer, spécialement s'il s'agit d'une oeuvre récente. A l'oreille du public, cela passera pour une bizarrerie d'écriture. Aussi évitez les consonnes trop marquées. Les "s" et les "t" de la langue allemande sont rédhibitoires. Mal synchronisés, on pensera à une fuite de gaz ou à une rafale de fusil mitrailleur. Le chef remarquera vos consonnes, pas vos voyelles. Tenez-vous en à ces dernières. Enfin, lorsqu'il ne restera plus qu'une page à tourner, amorcez un retour sur le devant du pupitre, prenez de l'assurance. A ce moment là, les paroles ne seront plus un problème. Dans le cas d'une pièce de musique religieuse, ce sera souvent "Amen" sur trois pages. Chantez plus fort, et si possible par coeur (s'il y a une page à apprendre par coeur, c'est la dernière), de sorte que le public garde de vous l'image finale d'un choriste transcendé, chantant à gorge déployée, le visage luisant de sueur, détaché de sa partition et en parfaite symbiose avec son chef, vu de dos. L'instant d'après, une expression de béatitude, le sentiment du devoir accompli pourront se lire sur votre visage apaisé.
Muni de ces précieux conseils, vous allez vouloir aborder en toute sérénité ce que vous avez failli oublier... la petite fugue d'avant la fin.
Anthologie du portrait de choriste
Amis choristes, vous vous reconnaîtrez certainement à travers la redoutable caricature décrite par Jean
BOUCHON né en 1955 à Lyon, personnage partagé entre la musique et la littérature et Directeur de
l'Académie de Musique de Nice depuis 1984.
Le sans gène
Il a l’air de souffrir quand c’est un autre qui chante. C’est pour cela qu’il se bouche toujours une oreille. Bruyant il parle haut, interpelle le chef. Chaque chorale a son sans-gêne, et elle doit faire avec…
Le paresseux
C’est un homme doux, un rêveur qui s’est fourvoyé dans une chorale et ne sait pas comment s’en sortir. Alors il reste. De pareils choristes ne sont pas dangereux. Ils donnent au public l’illusion du nombre.
Le touriste
On le voit de temps à autre débarquer dans la salle de répétition. On ne sait pas trop s’il fait vraiment partie de l’équipe. Il ignore quasiment tout du répertoire mais cet authentique figurant sera présent le jour du concert pour faire du play back et c’est lui qui s’inclinera le plus bas, pour saluer…
Le sportif
En répétition, campé sur ses pieds tel un haltérophile, il bombe bien le torse pour prendre sa respiration, se met en apnée avant d’attaquer les notes et devient tout rouge avant d’expulser le moindre son. Il chante de la gorge, tout en force : plus c’est fort, mieux c’est…
Le (rare) ténor
Heureuse la chorale qui possède des ténors. Qu’ils soient bons ou mauvais, les ténors sont des êtres très chers. Quoi qu’il en soit, devant la pénurie, baptise-t-on volontiers «ténor» un malheureux baryton qui souffre le martyr dans les aigus, mais qui ne se plaint pas, fier qu’il est d’être un objet précieux…
Celui qui s’ennuie
Consulte souvent sa montre. Il a toujours disséminé parmi ses partitions quelque article intéressant à reluquer, auelque revue ou à défaut quelque chose à manger…. Il bouge beaucoup sur place ou s’assoupit inopinément selon le cas. La plupart du temps il pense à autre chose, il observe les murs de la salle et il souffle beaucoup. Si c’est une dame, on peut la voir consulter ses messages sur son portable ou, entre deux soupirs, se limer les ongles…
Le donneur de conseil
A force de l’écouter on finit par faire les mêmes erreurs que lui. C’est lui qui, généralement, offre généreusement son temps en faisant perdre le leur aux autres.
Le bavard
Il a mis au point une technique lui permettant de chanter et de parler en même temps…
Le distrait
Il est rarement à la bonne page… Son classeur est un fouillis indescriptible : les chants sont rangés dans
n’importe quel ordre, on y trouve aussi bien la liste des commissions. Il rêve, oublie les départs et doit rattraper les autres en cours de route.
Le braillard
Il chante plus fort que tout le monde dès lors qu’il croit savoir sa partie... il n’a qu’un seul credo : fortissimo. Il est moins grave qu’une épidémie, mais fait beaucoup plus de bruit…
Celui qui a passé l’âge
On l’a déjà éjecté de plusieurs chorales mais il insiste. Sa voix chevrote, il manque d’air… Ayant perdu une partie de son acuité auditive il avance au juger et improvise beaucoup.
La complexée
Le plus difficile est pour elle est… de chanter ! Aussi a-t-elle une toute petite voix. Elle n’attaque jamais franchement les notes, surtout dans la nuance forte ; elle redoute les couacs… Celle-là peut chanter faux à satiété sans que cela dérange quiconque. Avec son demi-décibel elle est inaudible.
Le consciencieux
Obsédé des annotations, celui-là note tout sur ses partitions. Il souligne, surligne, multiplie les ajouts, les
couleurs, fait des renvois, des commentaires. Personne ne s’y retrouverait. Pas même lui.
Celui qui a «de la voix»
Pour obtenir une sonorité harmonieuse il est nécessaire d’homogénéiser le timbre des pupitres. Les voix les plus timbrées se voient sommées de rentrer dans le rang. Alors malheur à celui qui possède un bel organe. Celui qui a de la voix sera souvent prié… de se taire.
Le sensible
Un moindre pianissimo l’émeut, il aime la musique et souvent elle le bouleverse. Il a souvent la larme à l’oeil. et au premier problème relationnel, il en perd le sommeil et fond de cinq kilos. Il souffre en silence mais la musique finit par le consoler de tous ses maux.
Le râleur
Il n’est jamais content, n’aime pas le programme, trouve que l’on apprend trop vite ou trop lentement, que le calendrier est trop chargé ou trop maigre.. De toute façon la tenue de concert est ridicule et il ne supporte pas la façon de travailler du chef…. Il se demande ce qu’il fait là. Les autres se posent la même question !
Celui qui rechigne à chanter en étranger
Il veut bien chanter n’importe quoi, mais surtout pas en étranger. Il a l’oreille musicale, mais pas la mémoire des sons. Sa prononciation est laborieuse, et maladroite. Il bute sur chaque mot. C’est une souffrance pour lui et pour ses voisins.
L’enseignant
Il commet parfois l’exploit de maîtriser les rudiments du solfège. De plus il est souvent ouvert aux attentes du chef. C’est un élément fort appréciable pour une chorale. Bien qu’ayant appris, à l’IUFM, à placer efficacement son larynx afin d’éviter l’extinction, lorsqu’il chante, l’enseignant a beaucoup de mal à retrouver les bonnes sensations. Celui-là qui ne peut s’impliquer sensuellement, le fait…
pédagogiquement…
L’informaticien
Il rentre toutes ses partitions dans le programme de son ordinateur et les réécrit en plus gros. Car il travaille ses chants au bureau. Souvent il arrive à la répétition avec une autre version d’une oeuvre, découverte par inadvertance sur Internet. Il est alors tout fier d’exhiber sa trouvaille. Pour lui, la musique reste avant tout une discipline athématique et le solfège un code binaire. Il ne communique d’ailleurs avec les autres choristes que par courrier électronique. Rien d’étonnant, alors, à ce que, parfois au beau milieu d’un chant, il bugue.
Et il y aurait encore le psychologue, le dragueur, l’étudiant fauché, le naïf, l’étourdi, celui qui a de l’ambition… le couple âgé, le juriste,
Tiens le juriste
Il ramène tout aux statuts de l’association et à la loi. Il intervient lors des assemblées générales pour remettre les responsables sur les rails dès lors que ces derniers s’en écarteraient un tantinet. Avec lui on ne peut pas dévier. Il est la garantie morale et l’assurance juridique de la chorale.
Et enfin très rare : le choriste normal
Celui-là n’affiche pas de tare particulière, il ne jalouse pas ses congénères, est né équilibré, n’a pas l’esprit tordu mais aime simplement chanter. Il n’a pas une voix extraordinaire, mais juste. Il possède quelques notions de solfège. Il a bon caractère, ne médit jamais. Il aime bien tous styles : classique, romantique, même la variété. Celui-là ne se fait pas remarquer, on l’oublierait presque, sinon aux concerts : car c’est lui qui assure le mieux. C’est le choriste idéal, le préféré du chef de choeur. Un cas… très rare...
Il y aurait encore l’inquiet, le cadre, l’agressif, le soliste et bien d’autres mais n’oublions pas
Le bon président
Un homme (ou une femme) qui connaît bien le fonctionnement de la chorale pour l’avoir pratiquée pendant de nombreuses années, il est expérimenté, compétent et respectable. Il a une bonne présentation. Les chevelus en jogging avec piercing à la narine ont peu de chance d’hériter de la fonction. Il sait écouter ses interlocuteurs, entendre leurs doléances, analyser les problèmes, définir les objectifs, planifier les actions et en fin de compte mener à bien ses projets personnels en ne tenant compte de l’avis de personne. Donc le président doit être entêté. Cependant un obstacle subsiste, le chef de chœur ! Et c’est bien là le drame du président car il doit savoir humblement s’effacer devant le maestro au
moment de recueillir les fleurs du succès car, malgré ses responsabilités, le président ne tient pas la baguette ! Cependant le président saura se rattraper et briller, en particulier quand il fera des discours.
Mais que serait une chorale sans ce fameux…
Chef de chœur
Le chef de chœur rayonne sur ses ouailles, se pavane parmi sa cour. Caractériel, il s’enflamme volontiers au moindre couac, devient tout rouge et pique des colère noires. Mais c’est pour le bien de la collectivité. Capricieux, il change souvent d’avis. Il est quelquefois bizarre mais c’est un artiste. Qu’il soit devenu chef par vocation, par un concours de circonstances ou par le plus grand des hasards, qu’il soit chanteur sur le déclin ou jeune prof de musique, qu’il soit bénévole ou rémunéré, il est avant tout un être travailleur, un utopiste ambitieux et surtout un homme extrêmement patient. Pour accomplir sa tâche il doit avoir un moral très solide. Parmi ses nombreuses responsabilités, nous citerons en vrac, le recrutement des choristes, le choix du répertoire, l’élaboration d’une saison équilibrée, l’organisation des répétitions, l’animation du groupe. Il doit être un bon communicateur. Bref un vrai chef de chœur est tout cela à la fois : sélectionneur, entraîneur, soigneur, éducateur, psychologue, psychiatre… Et, en plus, il doit être MUSICIEN. Alors qu’on l’aime ou qu’on ne le supporte pas, qu’il soit respectueux ou insultant, sympa ou mal embouché, qu’il suggère la musique ou que l’on ne comprenne rien à sa battue, le chef est le chef, il faut lui obéir : un point c’est tout !
Propos recueillis par Sylvie MAURICE lors du Congrès de l’ASCA du 12 octobre 2008